L’Institut français du Japon (IFJ) est à la fois un centre culturel dépendant de l’Ambassade de France au Japon et une école de français. Ce sont les cours de français qui assurent une grande partie du financement de l’établissement et de l’action culturelle de la France au Japon. Pourtant, depuis plusieurs années, l’IFJ a entrepris de dégrader systématiquement les conditions de travail des enseignants qui assurent ces cours.
En septembre 2015 la direction a unilatéralement annoncé une nouvelle grille salariale qui représente pour la plupart des enseignants une baisse de revenu pouvant aller jusqu’à près de 40% et un raccourcissement des contrats de 1 an à 6 mois. Ces changements à cette date avaient pour but de contourner la mise en vigueur au Japon de la loi sur les 5 ans, loi qui oblige, à partir du 1er avril 2018, les entreprises à donner un contrat permanent aux mêmes conditions à tout travailleur en CDD depuis au moins 5 ans dans son entreprise, ce qui est le cas de la quasi-totalité des enseignants.
En réponse, le Syndicat des Employés de l’Institut (SEI, affilié au syndicat Tozen de la fédération Rengo, la plus grosse fédération syndicale du Japon) a mené plusieurs actions, y compris des grèves, pourtant exceptionnelles dans le contexte japonais.
La réaction de la direction a été entre autres de mettre en concurrence des employés avec divers contrats pour entraver les actions de solidarité en donnant les cours des employés syndiqués à de nouveaux employés ; de licencier plusieurs employés certains avec des décennies d’ancienneté ; de menacer de licenciement les employés qui ne signeraient pas les nouveaux contrats avant la date d’entrée en vigueur de la loi sur les 5 ans.
Le public de l’Institut, constitué de personnes qui aiment la France et le français, a répondu favorablement aux actions du SEI et plusieurs actions de soutien des élèves à leurs professeurs ont été menées (lettres à la direction de l’IFJ, pétitions). Malgré cela, l’IJF continue ses attaques contre ses employés.
L’IFJ prépare depuis plusieurs années une telle politique de contournement de la loi sur les 5 ans. En réaction à cette politique, 3 employés de l’IFJ ont déposé une plainte le lundi 2 juillet 2018 auprès de la justice japonaise pour exiger que l’IFJ cesse de contourner la loi et applique la législation japonaise à laquelle sont soumis les contrats de ses employés, et non les directives du gouvernement français qui semble croire qu’il fait la loi au Japon comme en France. À cette occasion, une conférence de presse a été organisée le lundi 2 juillet à 16h30 par Tozen, le SEI et Rengo dans les locaux du Ministère du Travail, de la Santé et de la Protection sociale, pour expliquer les raisons de cette plainte.